La semaine dernière, nous vous présentions le détecteur de courrier et colis Novlee, un système qui n’a pas laissé indifférents les membres de notre groupe Facebook. Aujourd’hui, nous vous proposons d’en savoir plus sur l’entreprise à l’origine de ce produit, Novlee, une jeune startup française comme en témoigne notre interview de son co-fondateur Clément Mignani.
Bonjour Clément, nous te remercions de te prêter au jeu de l’interview des Alexiens, qui met en avant des acteurs de la French Tech. Peux-tu te présenter en quelques mots ?
Bonjour les Alexiens. Je suis Clément Mignani, j’ai 33 ans, ingénieur aéronautique de formation. J’ai été durant, 6 ans environ, manager de projets pour des grands groupes en aéronautiques. Et je me suis rendu compte que ce n’est pas forcément ce que je souhaitais continuer à faire. Au fond de moi, j’ai toujours aimé rechercher de nouvelles idées et créer des produits uniques dans l’idée de les mettre sur le marché. C’était même mon objectif de vie. Et c’est comme ça qu’on a créé Novlee, composé de 3 fondateurs, en juin 2021. L’idée est basée sur des produits innovants et réussir à connecter des produits du quotidien qui étaient destinés à être jetés. Le but étant de rendre intelligent ces équipements qui sont voués à devenir obsolètes. L’identité de Novlee est là.
D’où le fait, pour vos nouveaux produits, d’utiliser des casiers industriels pour les transformer en boites à colis ?
Exactement. Pour moi, la technologie doit devenir de plus en plus discrète et, je dirais, chacun son métier. Des personnes vont faire des boîtes-aux-lettres ou des casiers, d’autres vont faire des capteurs de courrier et colis, et en mettant ensemble les deux métiers, cela permet de créer des technologies simples et rapidement mises en place. C’est une approche responsable, qui nous tient à cœur.
Et c’est là que je me suis dit : on tient quelque chose !
Comment est venue l’idée de votre premier produit, le détecteur de courrier et colis ?
Tout cela est né pendant le confinement de février 2020 suite à la crise sanitaire du Covid-19. Je commandais beaucoup sur internet car je souhaitais m’occuper et un jour j’ai commandé un jeu vidéo qui a mis un peu de temps à arriver. Le livreur m’annonçait une livraison entre 8h et 18h, d’où une frustration et des allers et retours réguliers vers la boite aux lettres. C’est là que je me suis dit : mais personne n’a pensé à faire une boîte-aux-lettres connectée pour éviter de faire des allers/retours pour rien ? Pour savoir quand vous recevez quelque chose ? J’ai regardé des tutos sur internet, du bricolage, mais rien de bien concret comme un objet connecté dédié. Et c’est là que je me suis dit : on tient quelque chose ! Et donc que je n’allais pas trop m’ennuyer pendant le confinement. Ainsi, en septembre 2020, je quittais mon CDI pour lancer le projet…
Donc là, je saute dans le vide. Je me suis rendu compte que c’est souvent pendant les périodes crises qu’on se rend compte de certaines limites dans les process, c’est la bonne période pour innover.
Et c’est vrai que du fait qu’il y a eu une énorme augmentation des commandes en e-commerce, on a pu voir des livreurs complètement dépassés et pas forcément capables de savoir quand et s’ils livreront, voire même d’informer quand le colis a été livré.
C’est vrai que nous avons fait des tutos sur notre site pour mettre des capteurs d’ouverture et des capteurs de présence sur une boite à lettre mais au final, ça n’était pas toujours concluant…
Tout à fait. Ce n’est pas si simple et nous sommes sur un produit de niche. Cela n’intéresse pas les grandes marques. Un détecteur de mouvement grande série va faire plus de volume qu’une simple boîte-aux-lettres par exemple… Et il y a aussi le fait que nos sommes dans une boite métallique, donc un effet Faraday à prendre en compte.
Effectivement, qu’en est-il des défis ? Car, au final, c’est loin d’être aussi simple que de mettre un capteur de présence dans une boite-aux-lettres…
C’est vraiment une sacrée aventure que de créer un produit de zéro. L’un des premiers défis a été de bien s’entourer. Dans mon cas, je ne suis pas électronicien, et donc il fallait trouver les bonnes personnes. En l’occurrence, Rémi et Loïc qui ont vraiment à la fois des profils techniques et entrepreneuriaux. Et c’est grâce à ce travail conjoint qu’on a pu arriver à un produit fini. Le financement est aussi un défi car, quand on commence à parler de Hardware, 1000 € c’est loin d’être suffisant. C’est sur fonds propres et des aides. Il y a des choses que nous devons payer dans tous les cas comme la customisation de l’antenne, l’application mobile… Et il y aussi la facilité d’accès à la technologie pour la programmation de certains composants qui demandent, dans certains cas, une mise de départ relativement importante. Donc on doit faire des choix et adapter sa feuille de route. En conclusion, pour monter un projet comme celui-ci et sans être dans le domaine, il faut être un peu fou car on ne connait pas les écueils. Et c’est en même temps une force pour les petites sociétés, car on ne connait pas les problèmes à surmonter… Et on y va ! On se rend compte qu’on développe un produit industriel et que ça ne rigole pas en termes de certifications, de normes et autres. Donc en fait, il ne vaut mieux pas savoir ce qu’il t’attend pour te lancer dans une aventure comme ça. Mais on a toujours des défis au final.
Et pourquoi être parti sur du Sigfox pour vos produits ?
C’est financier. Faire payer 10€ par mois d’abonnement aux utilisateurs, avec une carte SIM, car les boite à lettres sont souvent hors réseau domestique, n’était pas viable. L’abonnement est un frein donc on souhaitait en proposer un avec un abonnement pas trop cher. On est obligé de proposer un produit avec ce type de technologie, mais autant aller dans le sens de nos utilisateurs. En revanche, on est capable, grâce à notre microcontrôleur, de faire des switches vers d’autres réseaux.
« On assemble les produits en France […] »
La Poste et les transporteurs dans tout ça ?
Qui dit boîte-aux-lettres dit potentiellement détecteurs de courrier et colis. Notre produit donne une nouvelle vie à des boites aux lettres qui ne sont pas celles des livreurs ni de la Poste mais en même temps leur outil de travail… C’est vraiment dans l’intérêt des deux parties en fait. On essaie aussi de créer des partenariats avec les transporteurs les plus emblématiques qui sont aussi de gros utilisateurs des boites aux lettres. Mais attention, les données relatives à l’ouverture, la fermeture et autres appartiennent à l’utilisateurs. C’est un entre-deux intéressant. Le courrier est en nette diminution et la boite à lettre sert de plus en plus pour le colis. C’est l’intérêt du produit Novlee car si on avait une lettre tous les jours, aucun intérêt, on regarde dans la boite et c’est réglé. Là, ce n’est plus le cas. Ce sont les colis qui intéressent les utilisateurs. Car le reste arrive en courriel.
Si on comprend bien, tout a été fait en interne et est 100% français ?
C’est exactement le cas et ça nous tient à cœur. On assemble les produits en France, en région Parisienne, à Arpajon. Ce sont d’ailleurs en général Rémi et Loïc qui s’y collent (assemblage, programmation, tests…). Le boitier est également injecté en France. Ce n’est pas du 100% français ça ? Bien entendu, les composants ne sont pas made in France mais on arrive ce de plus ne plus à avoir des constituants qui viennent d’Europe. Et on les privilégie. On pourrait sous-traiter l’assemblage, mais en France, c’est éthique et dans notre ADN.
La technologie a été breveté. C’est pour cela qu’on ne communique pas trop sur le système et les caractéristiques. On a travaillé avec l’INPI pour fiabiliser tout cela. On est protégé pour 20 ans. Et breveter une technologie est très très important.
Vous avez gagné le prix Eiffel 2023 ?
Oui ! C’est une fierté. Nous faisons partie de la Fédération Française des Inventeurs, et c’est grâce à eux que nous avons pu évoluer et créer un réseau, s’entourer, ne pas rester seul… Notre prochain objectif est le concours Lépine ! Tout cela est important pour faire parler de nous et valoriser le travail que nous avons fait.
D’ailleurs, Novlee, ça a une signification ?
Oui bien sûr. Le nom d’une marque est important et il ne doit pas fermer la marque sur un produit. Donc « Nov » c’est pour « Nouveau » et « Lee » pour « Only », qui veut dire « unique » en anglais. Nous faisons des produits nouveaux et uniques ! Nov et Lee, Novlee donc. Que l’on fasse des capteurs de boites à lettre ou autre, aucun lien avec le nom. Nous innovons !
Novlee en quelques chiffres ?
Il faut savoir que nous avons 2 ans d’autonomie pour le produit, mais cela va augmenter… Il y a 40 millions de boites à lettre à équiper, donc on a du boulot !
Sur Novlee.com, il y a pas mal d’idées intéressantes. Quel avenir pour l’entreprise et ses produits ?
Nous travaillons actuellement sur l’intégration, via l’API, de notre système avec les assistants vocaux afin de pouvoir mettre en place des routines Alexa ou Google Home… Nous travaillons ensuite sur les antennes déportées pour les dispositifs en place dans les zones où la réception Sigfox est trop faible et où l’aspect Faraday des boites-aux-lettres est trop important. Cela leur permettra de profiter du réseau et donc d’utiliser pleinement les produits. Nous avons déjà en vente une boîte à colis non connectée, faite à partir de casiers industriels que nous transformons en boîtes pour recevoir des colis. Elles s’ouvrent et se ferment seulement avec une clé PTT pour l’instant. A environ 139€95, c’est la moins chère du marché, mais nous allons proposer d’ici peu la même boite à colis en version connectée, donc incluant le détecteur de courrier et colis Novlee. Pour moins de 200 €, ce sera ici aussi la moins chère du marché. Un produit unique, innovant et abordable donc. Avec sa clé PTT, elle sera facilement utilisable par tous et les utilisateurs pourront savoir quand leur colis arrivera directement sur notre application, développée en interne. Mais nous avons plein d’autres idées et nous gardons la surprise. Il faut également savoir que notre détecteur est adapté à d’autres utilisations que celle des boîtes-aux-lettres, en particulier dans l’univers professionnel. Bref, nous avons pleins d’idées folles qui n’existent pas encore !
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